Tux visite la médiathèque du Pays viganais

tags:

miloune, en sa qualité de dépositaire de la bibliothèque d'Aumessas, et moi-même comme modeste aide bénévole, nous sommes rendues à l'invitation de la médiathèque du Vigan, hier après-midi, avec les autres dépositaires et bénévoles des bibliothèques des communes du Pays viganais, pour une visite guidée bien sympathique. Nous r'v'là au Château d'Assas… (Libres-Ailé(e)s a passé au château la journée du Livre et des Médias, Le Vigan, mai 2007). Voici une visite commentée.

Nous avons été accueillis par Marc Jeanjean et par Jérôme Martin, bibliothécaires, puis Hélène Vial nous a rejoints. Tux a tenu à nous accompagner même si un truc le faisait drôlement tiquer à l'avance (voir plus loin), mais il s'est tenu modestement dans son coin, n'a pas pipé mot et a beaucoup aimé le lieu, les livres, les revues et la musique.

Vue d'ensemble

L'équipe de la médiathèque a fait un beau travail dans l'organisation des pièces, du mobilier et des collections et un beau travail dans le choix et l'achat de livres, de nouveaux abonnements à des revues, de CD et de matériel Hi-Fi, de fauteuils, de tables et de chaises.

Cette médiathèque a su intégrer le mobilier moderne à la rénovation sobre du bâtiment du XVIIIe siècle. Quelques touches de couleurs dans les salles pour les adultes et les adolescents. La salle réservée aux enfants offre un mobilier plein de couleurs, de fantaisie et de l'espace.

Les pièces sont lumineuses et surplombent le jardin et les arbres à l'arrière du château.

Rez-de-cour

En entrant, la banque de prêt vous accueille, ample comptoir qui pourtant ne bloque pas le regard. C'est là qu'on emprunte ses livres, qu'on les rend et que sonne le téléphone. Tout sur informatique, bien sûr, avec codes barres, cartes magnétiques et système anti-vol.

Derrière, un escalier descendant à l'immense salle des expositions que les habitants du Pays viganais connaissent sans doute déjà. Vide, elle est impressionnante. Elle est en rez-de-jardin et peut être ainsi grande ouverte sur la verdure.

Retour au rez-de-cour. Plus en arrière, porte ouverte sur la salle de lecture des revues, des journaux et des BD pour adultes, avec étagères basses où l'on muse en feuilletant quelques livres sur reposoirs. La médiathèque a augmenté de plus du double ses abonnements à des périodiques et l'on apprécie de trouver plus de journaux aussi, parmi lesquels Le Canard Enchaîné Icon wink Vue sur le jardin, bien sûr, avec grand escalier au-delà de la porte-fenêtre. Un bureau d'accueil et de renseignements. Devant la cheminée, fauteuils et canapé. De formes fantaisistes, avec des touches de couleurs (pas de teintes fluo), ils sont en fait très confortables, en particulier pour le dos. Ne pas se fier à leur apparence raide.

Deux portes de part et d'autre de cette salle centrale:

  • À gauche, salle de documentation variée, de la recherche d'emploi aux langues étrangères, avec tables et chaises bien confortables.
  • À droite, salle des romans.

Les étagères, comme dans toute la médiathèque, sont élégantes, solides mais pas du tout massives comme celles de la médiathèque Émile Zola, à Montpellier, par exemple. Elles laissent passer la lumière et n'obstruent pas l'espace. Elles sont de petite hauteur, ce qui est bien agréable. Dans ces deux salles, un ou deux postes informatiques pour consulter le catalogue de la médiathèque et faire des recherches sur le web.

Sombres galeries

Nous ressortons par la salle centrale et, passée la porte, de part et d'autre du hall, des galeries de livres qui ressemblent à des magasins de bibliothèque plutôt qu'à des rayonnages en accès libre. En effet, l'architecte a choisi de conserver la disposition intérieure du bâtiment et a fait peindre en noir ces espèces de couloirs assez courts, rez-de-chaussée et entresol, autrefois réservés au service des domestiques.

C'est là que sont rangés une bonne quantité de livres qui sont bien présentés et bien éclairés. L'accès est étroit et des escaliers en fer mènent à la galerie de l'entresol. Ensuite, il ne reste plus qu'à redescendre. Cette partie est donc inaccessible aux handicapés qui devront passer par la consultation du catalogue et se faire apporter les livres.

Nous ressortons du boyau et nous retrouvons le hall de la médiathèque. Où allons-nous, maintenant ? Au premier étage.

C'est à droite quand on vient de la salle centrale et à gauche quand on passe l'entrée du château et qu'on est face à la banque de prêt. Tiens, on se retrouve sur le lieu du stand de Libres-Ailé(e)s ! [Libres-Ailé(e)s au château (journée du Livre et des Médias, Le Vigan, mai 2007)].

À l'étage

On monte donc l'escalier, (il y a aussi un ascenseur), on franchit le palier vers la gauche et voici une salle largement occupée par une œuvre d'art contemporaine, grand cube contenant une pièce réservée aux animations pour les enfants avec poufs colorés et énorme écran (les gâtés!) ne consommant pas trop d'électricité. C'est la salle de l'Heure du Conte. Ce cube sans plafond est couvert de glace épaisse, elle-même couverte de citations. Lorsqu'un bâtiment classé comme monument historique est rénové, 1% des dépenses doit être consacré à une œuvre d'art contemporaine. Merci à Hélène pour ces explications.

Nous avons donc traversé l'œuvre d'art et nous sommes tombés dans la salle des ouvrages pour les enfants, très spacieuse et pleine de lumière (naturelle) et de couleurs, avec une table amusante, un grand tapis d'éveil, des coussins. Voilà un ensemble qui devrait plaire aux jeunes lecteurs. De part et d'autre de cette salle, la salle des arts à gauche et à droite, la musique.

C'est dans la salle de musique que nous nous sommes précipités. Étagères de CD (tous les genres), chaîne Hi-Fi derrière le bureau, deux platines pour les usagers qui voudraient écouter des CD avant de les emprunter et encore des postes informatiques. Le matériel Hi-Fi est de très bonne qualité et la musique sonne bien au château. Les enceintes Jamo trônent sur la cheminée et les câbles sont même de bonne épaisseur et bien isolés. Les CD sont achetés chez un fournisseur et le choix est évidement limité à son catalogue. Il y a de très bons disques et pas mal de moches compilations ou d'éternelles rééditions: quandcessera-t-on d'acheter du Fiesche-Diskau et du Karajan?

N'oubliez pas de fureter dans les rayons inférieurs ou supérieurs qui contiennent des livres et des revues sur la musique. J'ai été contente de trouver Diapason; cela fait plaisir de se dire qu'on va pouvoir de nouveau suivre un peu l'actualité musicale.

Plein de pognon par les fenêtres pour du luxe arrogant ?

Cette médiathèque et le Château d'Assas restauré peuvent choquer certaines personnes sensibles à la précarité de nombreux habitants des Cévennes et qui risque de s'accroître encore. Quand il a ouvert, le Restau du Cœur a servi 60 familles, ai-je entendu de bonne source.

Bagnols-sur-Cèze, autre coin sinistré du Gard, a aussi choisi de mettre beaucoup d'argent et d'effort dans sa nouvelle médiathèque. Au Vigan, le Château d'Assas accueille plusieurs institutions et il faut espérer que le lieu sera beaucoup utilisé. Investir dans la culture et dans le Beau n'est sans doute pas suffisant pour redonner vie et prospérité aux Cévennes. Mais il me semble que c'est une condition nécessaire. Accueillir dans de beaux locaux tous les publics -- l'abonnement annuel est gratuit pour les enfants jusqu'à 18 ans, de 5€ pour les chômeurs et RMistes, modique pour les autres habitants du Pays viganais (10€) --, offrir des collections renouvelées, donner le goût de lire, faciliter l'accès aux recherches personnelles ou professionnelles, le tout dans un cadre d'un classicisme distingué et sans esbrouffe, cela peut aider des gens à reprendre goût à la vie et cela peut aider les enfants à avoir une vision plus belle de la vie.

Ce sont des trésors pour le présent et pour l'avenir que le goût de lire, la découverte d'un autre monde imaginaire que le sien et d'un autre monde que celui du quotidien. Voyez La bibliothèque et les livres.

Une bibliothèque n'est pas juste des rangées de bouquins. Le lieu, le mobilier, le décor, la luminosité sont importants. c'est encore un trésor de pouvoir passer des heures dans un château plutôt que dans l'ancienne bibliothèque petite et tout juste fonctionnelle. Tant pis si je ne serai jamais propriétaire d'un tel palace. l'essentiel n'est-il pas qu'il soit accessible à nous tous, qu'il soit un bien commun, en partage, en accès libre? À nous d'y veiller même s'il est difficile de prévoir l'avenir, surtout en matière de financement public. La médiathèque est accessible aux personnes qui habitent en dehors de la Communauté de Communes du Pays Viganais. L'abonnement annuel est alors de 30€.

Perspectives

Les bibliothécaires prévoient de rencontrer les dépositaires et les bénévoles pour faire ensemble des animations (c'est le jargon en vigueur). La plupart sont bénévoles ou ont peu d'heures payées; travailler plus, bénévolement?

Nous espérons que les élus permettront la mise en place du réseau des bibliothèques du Pays viganais mais sans que soit imposé Windows, il va falloir se battre!

Que va devenir le Bibliobus?

Quel avenir pour le Libre en médiathèque dans notre coin?