Mozilla, GNU/Linux, le Libre (et les femmes ?)
Avec ces trois compères, GNU/Linux, l'esperanto et Dvorak-bépo, vous voilà tout libres ! Pas des zombies pour autant, faut pas croire. Pas tout seuls sur la planète, non plus.
L'esperanto est une langue libre, dans le sens où elle a été construite et qu'elle n'est pas dépendante d'une culture, d'une civilisation ou d'une nation. Elle n'accompagne aucun impérialisme.
Les gens mal informés reprochent à l'esperanto de ne pas s'appuyer sur une culture nationale mais c'est précisément ce que voulait éviter son génial inventeur Zamenhof, grammairien dans l'âme.
L'esperanto pioche dans la grammaire, la syntaxe et le vocabulaire de moultes langues européennes, vivantes et mortes, c'est un joyeux hotch-potch (pour prendre un terme de cuisine du Nord de la France), une belle salade russe (pour Zamenhof, la langue russe était comme une langue maternelle).
Réjouissons-nous, braves Français, qui répugnons si fort à apprendre une langue étrangère, le vocabulaire de l'esperanto est extrêmement facile pour nous car il est presque tout français. C'est-à-dire qu'une grande partie des mots sont tirés du latin et du grec et donc c'est du français (Sonnons, sonnons de notre ethnocentrisme). Si vous avez fait trois brins d'allemand, vous apprendrez vite d'autres mots et avec trois autres brins d'anglais, vous en retiendrez bien d'autres mots encore sans problème.
Et au passage, vous apprendrez que le mystère du mot «persiko» pour le fruit, la pêche, vient de l'origine du fruit, la Perse. Enfin, c'est mon essai d'éthymologie. Corrigez-moi !
L'esperanto est en définitive notre langue commune, à côté de notre langue maternelle. Si vous voulez en savoir plus sur la diversité des emprunts de cette langue, lisez le beau texte de Claude Piron, Langue occidentale, l'espéranto ? Vous serez convaincus que l'esperanto ne reflète pas non plus une suprématie occidentale.
Dans le texte de Claude Piron, j'ai bien aimé la surprise de l'adjectif esperanto «plena». Ah je me dis, «plein comme un œuf», encore du fichu latin, ah décidément, nous avec notre langue romane, on est gâtés (les Roumains aussi sont gâtés si les Français le sont, car eux aussi ont une langue romane). Eh bien, non, c'est pas du latin, c'est pas du français, c'est du russe. Et ça ne veut pas dire «plein», mais «complet», comme dans A Complete Grammar of Esperanto par Ivy Kellerman. Voyez Apprendre l'esperanto avec Ivy Kellerman.
Comme GNU/Linux et les logiciels libres, L'Esperanto est une langue internationale qui n'est pas liée à un monopole mais qui est ouverte à tous. Elle est transparente et vous est livrée avec ses sources. Elle évolue avec les suggestions de sa communauté. Elle est entre vos mains et vous pouvez la modeler à votre guise grâce à un ensemble de règles communes.
Les sources de l'esperanto sont constituées du vocabulaire de base et de la méthode pour construire, voire inventer, des tonnes d'autres mots. C'est une langue décrite parfois comme «agglutinante» (comme le Coréen) ou «isolante» (comme le Chinois). Si elle puise ses sources linguistiques dans les langues indo-européennes, elle est proche de certaines langues asiatiques dans la manière de former des mots composés.
C'est donc une langue ouverte, dont les règles simples, claires, sans exceptions fastidieuses, offrent une grande liberté d'expression et d'invention.
L'esperanto est accueilli à bras ouvert par GNU/Linux. Dans une distribution grand public comme Ubuntu, vous pouvez avoir tout en esperanto. Il reste des expressions non traduites qui n'attendent que de bonnes volontés.
Pour le clavier, je vous recommande la disposition Dvorak-bépo qui est commode pour taper en esperanto. Elle inclut les signes diacritiques de l'esperanto et, comme le vocabulaire est plutôt proche du français, la disposition Dvorak-bépo est ergonomique. Voyez fr-dvorak-bépo, un clavier presque parfait.
Comme clavier pour accompagner la disposition Dvorak-bépo, j'ai choisi le clavier ergonomique Typematrix. Voyez, par exemple, un article plus récent : Clavier Bépo orthogonal et ergonomique.
Espérons que les gens apprennent l'esperanto en passant à GNU/Linux et que les GNU/Linuxiens apprennent l'esperanto. Cela nous changerait du monopole M$ et de l'anglais universel.
Vous avez peur de devenir des êtres isolés avec votre GNU/Linux, votre esperanto et votre Dvorak-bépo et votre Typematrix sous le bras ?
Eh bien, des zinzins comme ça se trouvent partout. Il y a au moins des trois-quart zinzins sur Ubuntu-fr.org avec leur GNU/Linux, leur Dvorak-bépo et leur Typematrix sous le bras, qu'ils trimbalent au boulot, pour certains. Il y a des demi-zinzins avec juste GNU/Linux et l'esperanto dans un bled des Cévennes. Et enfin il y en a une presque complètement zinzin qui le sera tout à fait quand elle saura bien manier la langue de l'espérance.
NB : je sais bien que le mot «esperanto» veut dire «celui qui espère» mais ça n'allait pas bien dans ma phrase.
Et voici la suite : Apprendre l'esperanto sur GNU/Linux.
Commentaires
LeBret
16 juin 2010 - 10:47pm
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Espéranto/Linux/Bépo/Typematr
Espéranto/Linux/Bépo/Typematrix : le quarté improbable, et pourtant j’en ai 3 sur 4 (plus de Linux depuis trop longtemps, hélas, pour des raisons professionnels).
Il reste quand même des logiciels libres sous M$, comme Open Office et son plugin bien pratique pour l’espéranto : esperantilo (que d’accusatifs sauvés de l’oubli En plus il est très didactique, car il ne se contente pas de signaler l’erreur, il donne la raison pour laquelle il y a selon lui une erreur.
Par contre je n’irais pas jusqu’à dire que le couple Bépo/Typematrix est « commode » pour l’espéranto. À main gauche, 5 touche deviennent inutile ( É È À Y X ) ce qui représente ¼ du bloc ! De plus le K est moyennement accessible, ce qui est logique pour le français en tant que lettre rare, mais en espéranto il est beaucoup plus fréquent.
À main droite le problème vient des accents. En français l’accent circonflexe ne se mets que sur les voyelles (à gauche) donc l’accessibilité et l’alternance main gauche/main droite sont bons. Par contre en espéranto, l’accent circonflexe ne se mets que sur des consonnes qui sont toutes à droite. La combinaison pour l’accent bref (AltGr + w) ne vient pas toute seule sous les doigts, surtout sur le Typematrix où ces deux touches sont encore plus éloignées que sur un clavier standard.
Bépo permet de taper de l’espéranto (ce qui est déjà mieux que l’azerty) et suffit amplement pour taper quelques courriels à des amis. Mais s’il faut taper plusieurs pages, on perd le niveau de confort apporté par Bépo.
Enfin les encouragements : continu ton blog, il m’a fait découvrir les livres de Privat et Ivy Kellerman. Mes remarques ne sont dues qu’au haut niveau de confort auquel m’a habitué le Bépo en français et que je n’imaginais même pas être possible à l’époque où je ne connaissais que l’azerty
*Sophie
17 juin 2010 - 6:49am
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Excellent article !
Excellent article ! Bravo et merci !
libre fan
18 juin 2010 - 12:22pm
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Bépo et l'esperanto
Merci beaucoup, LeBret, pour toutes ces remarques.
Sans doute, je ne tape pas assez en esperanto et pas assez bien pour être trop gênée par les accents circonflexes.
En revanche, l'accent bref est assez coton comme tu le dis. Mais qu'est-ce qu'on est fier quand on y arrive bien !
Il est tout à fait possible de modifier la disposition des touches. Je l'avais fait avec un clavier Azerty et la combinaison touche dite «Windows» + la consonne donnait la consonne accentuée (accent bref ou accent circonflexes).
Il faudrait voir aussi si le Dvorak traditionnel US n'est pas plus commode. Au moins il n'y a pas de voyelles accentuées. Je l'ai sur le Typematrix mais n'ai pas encore essayé.
Il n'y a plus qu'à concocter un clavier Dvorak-esperanto mais c'est un sacré boulot. Voir le site bepo.fr pour s'en convaincre.