Mozilla, GNU/Linux, le Libre (et les femmes ?)
Dans Coke en stock, le capitaine Haddock lance une première bordée d'injures à un marchand d'esclaves : «Pirate ! Ectoplasme ! Coloquinte ! Rapace !»
Dans notre monde valeureux, la chasse est ouverte contre ces piètres coloquintes qui ne font pourtant aucun trafic monstrueux. Les coloquintes ont été déclarées nuisibles à éliminer pour que les industries du divertissement (musique et films) se renflouent en vendant leurs reproductions éculées à un prix injustifié. Pourtant, de mon point de vue, les coloquintes sont de toutes façons perdantes même en échappant aux rapaces.
Il est évidemment effarant que des pays prétendument civilisés adoptent des lois du style Hadopi et Loppsi. Voyez :
Cette guerre contre les coloquintes profite à fond aux trafiquants en contrefaçon et aux criminels de toutes sortes.
Il faut aussi accuser les DRM, incitation au piratage qui font le terreau des coloquintes. Vous achetez un CD ou un DVD et une saleté de DRM (verrou numérique) vous empêche de l'écouter ou de le voir sur le lecteur de votre choix. C'est pour protéger les artistes, selon l'industrie du divertissement.
Voyez Téléchargements et copies : menaces sur la copie privée.
Mais ce qui me semble tout aussi néfaste, c'est la culture dégradée dont s'abreuvent les coloquintes et qu'elles propagent. Le P2P, symbole de l'internet libre et décentralisé, est utilisé pour transmettre des contenus de qualité très inférieure à celle d'un CD du commerce ou d'un DVD. En effet, les formats des fichiers échangés par les coloquintes sont des formats fermés et compressés, du style MP3 pour la musique ou AVI pour la vidéo.
Le fait que ces fichiers compressés sont moins lourds n'est pas une bonne raison. Le P2P transporte tout ce qu'on veut et de manière très souple et le format OGG, moins lourd que le format MP3, semble inexistant dans la culture des coloquintes.
Partout sur le web, on nous fourgue du MP3. Même la plupart des musiciens indépendants qui mettent leur musique libre sur Dogmazic, par exemple, ne savent pas que le format OGG existe. Il semble que seule la petite maison de disque Magnatune propose à la vente sa musique en FLAC, excellent format pour le son.
Pour en savoir plus sur les formats : Vivent les formats ouverts !
Même Curt Smith, qui a eu le beau geste de mettre un de ses albums sous licence libre sur The Pirate Bay, ne nous a offert que du MP3. Pour le CD de Curt Smith, voyez Libres-Ailé(e)s : Musique libre sur The Pirate Bay.
Quel intérêt de voir un film dans un mauvais format compressé qui fourmille encore plus qu'un DVD sur nos pauvres écrans d'ordinateurs à dalle TFT dont la qualité n'a pas évolué d'un pouce depuis plus de trois ans ?
En définitive, la majorité des coloquintes partagent l'objectif de l'industrie du divertissement : la quantité. Les unes veulent le plus grand nombre possible de morceaux sur leur petit truc à se mettre dans les oreilles, les autres veulent toujours plus de ventes et ne s'intéressent qu'aux types dont les productions se vendent en quantités industrielles.
Et plus les disques durs deviennent spacieux, plus on veut y caser de films, donc on les compresse le plus possible.
Bien sûr, la médiocrité des MP3 va très bien avec la médiocrité des trucs qu'on se met dans les oreilles et ne choque pas outre mesure sur un ordinateur. Le monopole des MP3 signifie tout de même que les coloquintes n'écoutent jamais de belle musique sur une chaîne Hi-Fi. Ce n'est pas juste une jeune génération qui se prive de musique de qualité mais toute une civilisation. En effet, les coloquintes sont représentées dans tous les rangs de la société. L'Élysée lui-même a produit toute une pile de DVD piratés (cherchez dans les anciens numéros du Canard Enchaîné).
Il reste encore les concerts mais la sono omniprésente, même dans de petits espaces, gâche tout. Ah le jazz en concert avec sono, quelle tristesse ! Il ne reste que la musique classique qui s'appuie sur l'acoustique, en concert, naturellement, mais aussi dans les CD produits par la maison de disque Naxos.
Quant à l'image, il y a longtemps qu'elle a été totalement dégradée par la sacro-sainte télévision. Il reste encore le cinéma mais très peu de salles genre art et essai. Les DVD sont en général de bien meilleure qualité que les cassettes vidéos mais nos écrans d'ordinateur sont lamentables. Même les dalles PVA fourmillent pour les films et la plupart des écrans affichent des couleurs médiocres. Les rapaces du divertissement nous obligerons à acheter leur Blue-rays et on peut s'attendre à ce que les écrans qu'il faudra racheter soient toujours aussi mauvais.
La médiocrité que font circuler les coloquintes est aussi due au prix élevé et injustifié de la majorité des CD et des DVD. À défaut de pouvoir se payer de la qualité on se rue sur la médiocrité gratuite des coloquintes ou des plate-formes de musique libre.
En attendant que le P2P transmette de la qualité sonore et visuelle, des images ISO de musique ou de film, il est heureux qu'il y ait encore un stand comme celui de Mondociné sur un marché, un distributeur et disquaire comme Harmonia Mundi dont une sélection se trouve parfois dans une librairie de toute petite ville, une petite maison de disque comme Magnatune et quelques trouvailles en ligne. Voyez :
Pour faire des trouvailles pas trop chères, il faut beaucoup de patience : attendre que tel film arrive sur un stand ou qu'il se trouve dans les prom', souvent parce qu'il ne se vend pas.
En revanche, il n'y a guère d'espoir de voir un jour l'ambitieuse plate-forme Jamendo se distinguer par le FLAC au lieu de sa musique libre en MP3 ou même en OGG. Voyez Jamendo plagie la SACEM.
Heureusement, le P2P ne transmet pas que de la médiocrité. Il transporte en effet de nombreuses distributions GNU/Linux à travers le monde. C'est consolant. Ce qui est consolant aussi, c'est que les coloquintes utilisent la base de l'internet libre, le P2P. Voyez Au lieu des Ubuntu Install-Parties, apprenez-nous à installer des serveurs. Allez les coloquintes, entonnez avec moi «Vive GNU/Linux et le P2P !»
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