Mozilla, GNU/Linux, le Libre (et les femmes ?)
Il semble y avoir une connivence entre Les Temps Modernes de Chaplin et certains films de Tati, surtout Trafic mais aussi Mon Oncle.
Trafic nous offre des échappées hors de la modernité sans jamais la quitter comme finit par le faire Charlot. Voyez En regardant Les Temps Modernes (1936).
Le temps y musarde tant et si bien que la 4L ingénieuse parvient enfin à destination après la fermeture du salon de l'automobile. Le dessinateur rêveur de la 4L part dans un Road Movie qui ne fuit pas la civilisation mais forme des îlots échappant à la gravité, au fil des avanies liées à l'automobile, symbole de la modernité et de la communication accompagnée par la «Public Relation», son accent anglais et sa course aux téléphones.
Le mot «gravité» renvoie non seulement au sérieux des hommes d'affaires qui s'affairent dans Trafic mais surtout à la scène où des personnages miment, dans un garage tout de guingois, sans un mot, l'apesanteur des astronautes marchant sur la lune.
Ces îlots d'apesanteur sont également nombreux dans Mon Oncle où M. Hulot, le petit chien et le petit garçon de la famille qui représente la modernité florissante, passent du vieux monde au monde moderne l'autre par un petit muret en ruine. L'oncle introduit, sans parole audible, dans le monde vide de l'usine et de la villa moderne, où «tout communique» sauf ses habitants, beaucoup de désordre, de nonchalance et de bonhommie archaïques, importées de son vieux village de banlieue parisienne qui est en cours de démolition.
Tati ne fuit pas la modernité pour autant, il l'affronte plutôt et il est capable de la mettre à distance, de bouleverser sa belle ordonnance (vacarme du marché introduit dans le bureau du directeur par le biais du téléphone du bistrot, entrée et sortie des chiens de rue dans l'usine, tuyaux transformés en saucisses dans Mon Oncle), de la crotter même (traces de pas sur le bureau, le «petit Gérard» tout sale, l'invité couvert de boue, ibidem).
Cet illusionniste qui nous a fait voir Tintin dans un gendarme belge (Trafic) est même capable de transformer en art la réalité moderne. Voyez par exemple les reflets du vieux Paris dans les vitrines du drugstore (Play Time). Mais surtout, l'alignement rectiligne des voitures dans le parking et les rayures des parapluies ronds (fin de Trafic). Du grand art à la Mondrian !
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