Répression de l'internet en marge de campagne électorale

Répression de l'internet en marge
Le gouvernement agit en marge de la campagne pour les élections présidentielles et ne perd pas de temps pour poursuivre la répression de l'internet.

J'ai lu, sur le site du Monde, un article qui commence ainsi (Stéphane Foucart, «Polémique sur la rétention des données informatiques» (article paru dans l'édition du 21/04/07) :

La publication d'un décret d'application de la loi pour la confiance dans l'économie numérique (LCEN) pourrait, dans les prochains jours, venir préciser les obligations des acteurs de l'Internet en matière de rétention des données.

Le décret dépasse de loin la prévention du terrorisme. En bref :

  • Toute modification d'un contenu sur le web sera conservée 3 ans
  • Tout contenu ainsi que les références de son auteur devront être conservés (avec ses modifications) pour 3 ans
  • Toutes ces informations seront à la disposition de la police et des magistrats (donc même dans le cas d'une affaire administrative)

Les réactions ne viennent pas que des associations mais de gens bien installés dans le système comme le Groupement des éditeurs de sites en ligne (Geste) qui rassemble aussi bien Yahoo! que des sites de journaux comme Libération ou Le Figaro ou ceux de France Télécom ou de TFI. Philippe Jannet, président de Geste n'hésite pas à intituler son article paru dans l'édition du Monde du 21.04.07, «L'État veut-il tuer Internet en France ?». Voici son analyse sous forme d'extraits :

Ce projet de décret constitue donc une véritable menace de mort. Il est inquiétant pour trois raisons essentielles.

Je résume :

  • le coût de la conservation des données qui est gigantesque à quoi s'ajoute que les internautes vont fuir les sites français
  • la confusion entre le renseignement d'État et la justice, qui relègue la séparation des pouvoirs au rang de fiction juridique.»
  • «le risque qu'un tel dispositif ferait peser sur la régularité des procédures judiciaires au regard de notre procédure pénale.
  • En bref «le risque de priver une politique de sécurité de toute efficacité.»

Certes, l'équilibre entre sécurité, croissance, libertés et efficacité est complexe. Au demeurant, aucune de ces valeurs ne s'illustre dans ce projet de décret, dont la rédaction est aujourd'hui laissée à un consensus entre technocrates et techniciens qui, quels que soient les résultats des échéances électorales, seront encore là demain.

Ce projet de décret peut être enterré. Si Ségolène Royal est élue, il faudra lui rappeler qu'il y a cette saleté qui traîne dans un coin et qu'il faut mettre à la poubelle. C'est le président de la république qui entérine un décret, non ?

Conclusion :

Sous prétexte de lutter contre la menace réelle du terrorisme, l'État français prend -comme aucun autre -le risque de tuer une part non négligeable de l'avenir du pays, sans aucun état d'âme et dans le silence assourdissant d'une campagne présidentielle omniprésente sur Internet, mais muette sur le développement de l'Internet.

Correction: l'internet est un nom commun sans majuscule et avec l'article défini.

En tous cas, grâce à l'APRIL, on a parlé du Libre, des brevets sur les logiciels et du DADVSI. Il n'y a qu'à lire les réponses d'une bonne partie des candidats au questionnaire de l'APRIL: PCF, Indépendant, Verts, PS, LCR, UDF, UMP.

Enfin, si ce projet de décret subsiste après l'élection, ce sera plus facile d'obtenir son retrait sous la présidence de S. Royal que sous celle de N. Sarkozy.

Non à l'antisémitisme contre Sarkozy !

À un moment, pour plagier le style de Charlie-Hebdo (que je n'aime pas du reste), j'avais imaginé un slogan cynique pour dissuader les gens de voter pour Sarkozy (parfois on est à court d'arguments face à des gens qui ne pensent qu'à jeter en prison de très lointains voyous au risque de perdre leur retraite) : «Réveillez en vous l'antisémite qui sommeille en vous, votez contre Sarkozy».

Hélas, il était inutile de faire de l'humour noir, la haine est là, toujours vivante. Le site «Tout sauf Sarkozy» (TSS) l'exprime d'une manière qui rappelle la propagande antisémite des quarante-cinq premières années du XXe siècle en France (sans parler des trente dernières années du XIXe siècle). C'est ignoble.

Voyez aussi Non à l'antisémitisme dans l'appel au vote contre Sarkozy !