Mozilla, GNU/Linux, le Libre (et les femmes ?)
L'identité d'Ubuntu, distribution GNU/Linux, a surgi un beau jour de l'an 2004. Elle fut fondée sur la volonté de corriger un bug mondial (le monopole M$ nous privant de liberté) et surtout sur la signification du mot d'origine zulu «ubuntu», qui a connu une renaissance en Afrique du Sud avec Desmond Tutu et Nelson Mandela. Cette identité s'exprimait très clairement dans un logo original et dans les illustrations des couvertures pour ses CD. Cette identité graphique, unique dans le monde de l'informatique, a disparu avec Lucid Lynx.
C'est un heureux hasard que Mark Shuttleworth soit le fondateur de la distribution Ubuntu. Ce Sud-Africain blanc, qui a donné un nom zulu à sa distribution de GNU/Linux, a nettement pris part à la renaissance de son pays enfin sorti de l'apartheid.
Il se range aux côtés de Nelson Mandela et de Desmond Tutu qui ont chacun expliqué le sens du mot «Ubuntu» lié à la nouvelle république sud-africaine.
Ubuntu est un mot à facettes qui peut être décrit de la manière suivante :
Les êtres humains ne sont pas séparés les uns des autres mais au contraire sont dépendants les uns des autres et liés les uns aux autres. La séparation est exactement le sens du mot «apartheid». La souffrance infligée aux victimes (Desmond Tutu pense à l'apartheid) détruit non seulement les victimes mais aussi leurs bourreaux. En effet, ce qui arrive aux uns a des conséquences sur les autres.
Ce que je suis est ce que sont les autres. Ce n'est pas le «je pense, donc je suis» de Descartes mais «nous sommes, donc je suis» et je suis parce que nous sommes. Je suis ce que je suis grâce aux autres et en lien avec les autres.
Ubuntu est l'affirmation d'un lien universel de partage reliant tous les êtres humains.
GNU/Linux, les logiciels libres, les licences libres donnant toute liberté de partager des œuvres avec tous les êtres humains sans distinction de richesse, de culture, de langue, de pays, sont une réalisation d'ubuntu.
Autour de tel ou tel logiciel se rassemblent des communautés de gens du monde entier qui travaillent ensemble pour l'améliorer. Encore de l'ubuntu.
Le partage et l'entre-aide sont à l'opposé de l'idéologie des logiciels privateurs qui nous privent de la liberté d'aider les autres, qui séparent les gens (entre propriétaires et utilisateurs, entre ceux qui ont et ceux qui n'ont pas). Les logiciels privateurs nous rendent inhumains car ils dégradent leurs clients ou utilisateurs à l'état de pigeons et de voleurs.
Richard Stallman, fondateur du mouvement des logiciels libres au début des années 1980, est évidemment imprégné d'ubuntu.
Stallman reproche à la distribution d'Ubuntu de faire des compromis avec les logiciels privateurs. Par exemple, Ubuntu nous propose d'installer des pilotes propriétaires pour nos cartes graphiques. Il faut souligner, à la décharge d'Ubuntu, que ces pilotes ne nous sont pas imposés. Ils sont nécessaires pour avoir des images en 3D (un bureau avec des effets spéciaux par exemple) mais le pilote libre «nouveau», pour les cartes nVidia va très bien si l'on se contente du simple bureau.
Les compromis d'Ubuntu s'expliquent dans ce cas par sa volonté de rendre l'informatique accessible et confortable pour le commun des êtres humains.
Un élément que je trouve inacceptable en revanche, et qui n'a aucune justification en termes de confort ou de facilité, est l'adoption de Mono (du Micro$oft déguisé en libre par Novell qui s'est soumis à M$). Mono est à la base de quelques logiciels dans Ubuntu mais il y a une petite tonne de trucs liés à Mono dans Ubuntu. Aucun de ces logiciels n'est irremplaçable et une distribution simple à utiliser comme PCLinuxOS 2010 n'a pas un brin de Mono et d'excellents logiciels. C'est en fait GNOME qui intègre Mono et Novell mais il est possible de s'en débarrasser. Pour en savoir plus sur Mono, voyez Ouste Mono, F-Spot, Evolution dans Lucid.
Depuis son lancement, Ubuntu est la seule distribution GNU/Linux à afficher par l'image sa foi dans le partage dans une humanité universelle.
Le slogan d'Ubuntu, «Linux for human beings» n'est pas vain. Les CD d'Ubuntu ont été envoyés sur simple demande dans tous les pays du monde, totalement gratuitement (du début en 2005 jusqu'en 2010).
Ubuntu est aussi la volonté de mettre le système GNU/Linux, libre et formidable, à la portée de tous les êtres humains.
Les jaquettes des CD d'Ubuntu sont toutes des illustrations du lien entre les êtres humains. Pour s'en convaincre, il suffit de parcourir la galerie de Libres-Ailé(e)s Images d'Ubuntu. Des gens ordinaires, variés (âge, couleur de peau et de cheveux, hommes, femmes) sont reliés les uns les autres par leur corps et à nous-mêmes par leur regard.
Le logo représente Ubuntu d'une manière stylisée : un cercle en trois segments égaux, surmontés de trois ronds, le tout en trois couleurs qui se répondent et s'entrecroisent.
La jaquette d'Intrepid Ibex (8.10) illustre bien la signification du logo. Trois êtres humains se tiennent en rond, leur tête formant la pointe des trois segments du cercle
La typographie «Ubuntu Title», inventée pour le logo d'Ubuntu, toute en rondeur et sans pause à l'intérieur de chaque caractère, va bien avec le cercle qui se forme grâce au relais de chaque être humain. Dans le logo, l'humanité est symbolisée par le nombre trois (la diversité) et par les ronds, petits cercles construisant et maintenant le grand cercle. À voir aussi dans la galerie Images d'Ubuntu.
La version Lucid Lynx (Ubuntu 10.04) abandonne complètement toute cette belle symbolique et ces images originales où l'être humain est une cause essentielle.
La jaquette du CD ne porte aucun message d'Ubuntu. C'est juste une banale illustration de l'informatique sous forme de son code inhumain en 1 et 0, uniquement lisible par une machine.
Quant à la distribution elle-même, elle a perdu toutes ses teintes marron sans retrouver le beau graphisme de Hardy Heron (8.04). Elle est parée d'une couleur violette peu réussie et le fond de l'écran de login et du bureau est bâclée. Un gosse de 4 ans ferait peut-être mieux et on peut faire beaucoup mieux avec GIMP !
Le graphisme est important car Mark Shuttleworth a voulu que cette version soit belle. Il voulait jouer sur le mot light qui renvoie à la lumière et à la légèreté. Lucid est légère mais son thème graphique ne donne aucune sensation de luminosité ni de légèreté. Voyez aussi Ubuntu Lucid Lynx, moche ou géniale ?
D'un point de vue technique, Lucid Lynx est une version certes réussie (mais pas plus que Dapper Drake en son temps) mais on peut être nostalgique de l'audace graphique du passé.
Tout n'est pas facile à modifier dans Lucid — heureusement que les gens partagent leurs connaissances et leurs trouvailles dont voici des exemples :
Pour toutes les modifications recommandables que vous pouvez faire sur Ubuntu, outre le graphisme, voyez Ubuntu Lucid Lynx, moche ou géniale ?
Le graphisme de Maverick Meerkat est beaucoup plus soigné et tout à fait acceptable en l'état.
La suite nous réserve des surprises : Maverick Meerkat, dissidence GNU/Linux.
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