Gaz de schiste et Hadopi

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L'actuelle ministre de l'Écologie fut secrétaire d'état à l'économie numérique. C'était en 2009. Elle joua son petit rôle dans le projet de loi Hadopi «Création et internet» (après l'inénarrable ministre de la culture qui s'était rendue célèbre par ses «anéfé» et son «parefeu OpenOffice.org»).

En ces temps de menace de gaz de schiste, elle fait reparler d'elle et il est amusant de rappeler cette anecdote de 2009, tout à fait significative, relatée par Guillaume Champeau sur le site web Numerama, (03/02/2009article sous licence Creative Commons by-nc-nd 2.0, merci Guillaume!)

Quand on est ministre du développement de l'économie numérique, il est bon de pouvoir naviguer sur Internet en toute liberté. Mais fraîchement débarquée à l'ancien Secrétariat d'Etat d'Eric Besson pour ne plus faire de l'ombre à Jean-Louis Borloo, Nathalie Kosciusko-Morizet doit faire avec une connexion bridée. NKM a ainsi confié au Parisien/cite> qu'en «raison de dispositifs de sécurité qui existent autour du Premier ministre, il m'est impossible de naviguer sur tous les sites qui ont de l'image».

Victime d'un pare-feu très restrictif, la secrétaire d'Etat est ainsi privée de YouTube ou de Dailymotion, mais aussi privée de Wi-Fi, qui est interdit dans les ministères pour éviter que les connexions ne puissent être piratées de l'extérieur.

Ainsi, NKM a l'heureux privilège de tester avant tout le monde les mesures de filtrage que pourraient bien imposer le gouvernement s'il écoute d'une oreille un peu trop attentive les producteurs de cinéma et de musique, pour qui c'est la prochaine étape après la riposte graduée.

Mais le plus cocasse est tout de même cette interdiction du Wi-Fi, imposée pour des raisons de sécurité. C'est en effet l'aveu cinglant que les connexions à Internet sans fil peuvent être détournées par des tiers à l'insu du titulaire de l'abonnement à Internet. Or le projet de loi Création et Internet prévoit, dans le cadre de la riposte graduée, de suspendre l'abonnement des internautes dont l'accès, avec ou sans-fil, a été utilisé pour télécharger des contenus piratés. Avec une connexion Wi-Fi, il sera strictement impossible de prouver que le téléchargement a été effectué par un tiers qui a détourné la connexion. Mais bien que conscient du problème, le gouvernement souhaite tout de même que l'Hadopi condamne sur simple accusation. Sauf à vouloir interdire le Wi-Fi en France, c'est absurde, et dangereux pour la protection des libertés publiques.

Vous apprécierez la trilogie qui est de nouveau d'actualité 2 ans plus tard : «fraîchement débarquée à l'ancien Secrétariat d'Etat d'Éric Besson pour ne plus faire de l'ombre à Jean-Louis Borloo, Nathalie Kosciusko-Morizet» :lol:
Comparez avec la situation présente. Lisez sur Sinistre gaz de schiste :