Solutions GNU/Linux

Le titre de cet article est dérivé du salon annuel européen «Solutions Linux» qui se tient pendant 3 jours, à Paris, ce mois de mai. Bien loin de ce très sérieux salon qui attire entreprises et grosses associations comme l'APRIL et l'AFUL, il est possible de classer un bon nombre de distributions GNU/Linux un peu différemment de ce qui est proposé d'habitude. Cela permet de faire des découvertes.

Bien souvent, les distributions GNU/Linux sont classées en 2 ou 3 catégories, par exemple : les faciles, accessibles au grand public, les plus difficiles destinés aux plus férus, voire en plus les très difficiles réservés aux geeks, ou encore les lourdes destinées aux ordinateurs récents et les légères adaptées aux ordinateurs anciens, voire aux ordinosaures.

Suite à la question Après Ubuntu, mes premiers essais infructueux avec ArchLinux m'offrent une autre classification :

  1. Les distributions prêtes à l'emploi avec environnement graphique ou gestionnaire de fenêtre
  2. Les distributions qui vous donnent la base nécessaire et vous incitent à installer exactement ce que vous voulez
  3. Les distributions qui attendent que vous les construisiez à votre guise en configurant tous les fichiers de base et en installant chaque logiciel qu'il soit indispensable ou superflu.

Prêtes à l'emploi

Dans cette première catégorie figurent Ubuntu, Linux Mint Debian, Fedora, Trisquel, CTKArch, #!Crunchbang Linux, Slitaz, Puppy Linux ou Toutou Linux et bien d'autres, sans oublier Debian. Cette dernière a la réputation d'être pour les geeks mais elle est toute simple à installer et très simple à maintenir à jour si l'on reste à la version stable (ce que fait #!Crunchbang Linux).

Trisquel, qui nous vient de Galicie, vaut vraiment le détour. Du GNOME sans Mono, on dit un grand merci ou au choix LXDE qui n'est pas mon préféré mais il est pas mal dans Debian. Voyez Trisquel Slaine 4.5.

Linux Mint Debian a tous les avantages de Debian et tout ce qu'il faut pour les gens impatients et pour ceux qui veulent Flash, Mp3 et autres. Elle peut aussi être modifiée et vous pouvez commencer par changer l'apparence. Ce gros menu gris me paraît très moche et lourd mais il est très rapide à modifier.

Distributions avec installation de base

Dans cette deuxième catégorie figurent antiX-M (depuis la version 11), Debian, Trisquel mais aussi Ubuntu. Ces 4 distributions proposent une installation minimale qui vous laisse libre d'installer juste ce que vous voulez.

Pour Debian, il suffit de graver la version «NetInstall». Pour Ubuntu, il faut aller chercher la version Mini et pour Trisquel qui est dérivée d'Ubuntu mais toute libre, il faut prendre la version Mini disponible.

Debian et Trisquel en version mini vous permettent d'installer bien plus que le strict nécessaire. Vous pouvez aussi installer un système complet, avec GNOME ou LXDE pour Debian, avec LXDE pour Trisquel.

antiX-M offre une installation minimale, appelée «core». Je n'ai pas encore essayé.

Trisquel

Il n'existe pas (encore?) de version mini pour Trisquel 4.5 (dérivée d'Ubuntu 10.10, Maverick) mais vous pouvez vous amuser avec la version précédente, Trisquel 4.0. J'ai installé le minimum pour avoir Openbox comme gestionnaire de fenêtres. Je n'ai même pas installé tout xserver-xorg. J'ai commencé à paramétrer Openbox, ce qui est un peu long. Nous pouvons nous inspirer de CTKArch ou de !#Crunchbang Linux pour configurer Openbox et Conky qui fuit très chic sur le bureau.

Debian

Pour voir ce que cela donne en travaillant à l'envers (supprimer au lieu d'ajouter), j'ai installé Debian avec LXDE sur un ordinateur qui est date de 2002 et qui est loin d'un ordinosaure: Duron 800MHZ, 500Mo de mémoire, carte graphique Nvidia 6200 (donc pas si vieille que ça et qui supporte un écran de 22").

De là, j'ai supprimé OpenOffice.org. Ensuite, j'ai modifié les dépôts pour passer progressivement de Squeeze à Wheezy (Testing) puis à Sid (Unstable). Je n'ai eu qu'un heurt dans la mise à jour entre les paquets linux-base et linux-image mais en regardant bien le message d'erreur donné par APT, j'ai réussi à arranger les choses bien facilement.

Enfin, j'ai installé Firefox 4 (pardon, Iceweasel 4) en rajoutant le dépôt «Experimental».

J'ai remplacé OpenOffice.org par LibreOffice (juste les modules que je risque d'utiliser), GDM par SLIM, ajouté VLC et Midori, supprimé Gstreamer, remplacé GIMP par Mpaint. Bref, des broutilles.

J'écris actuellement depuis ce Debian Squeeze/Sid et depuis le navigateur Midori que j'aime bien. Il n'est peut-être pas très stable et il n'y a pas Flash dans Debian (ni dans Trisquel) mais il est plein d'invention et léger. Il y a un charmant moteur de recherche Duck Duck Go qui ne vous espionne pas.

Mais le plus intéressant à faire, c'est évidemment de partir du système de base et d'installer ce qui vous plaît. Quand j'aurai fini Trisquel-Openbox, je viendrai en reparler.

Distributions en kit, à construire

Les distributions à construire soi-même sont une tout autre histoire. Par ordre décroissant de difficulté:

  1. Linux from Scratch, à construire de fond en comble, à partir de rien — si, tout de même, à partir de la documentation très abondante
  2. Gentoo, qui est une base à remplir de fichier à configurer et de logiciels à installer
  3. ArchLinux, qui est à peu près comme Gentoo en moins difficile.

Avec ces distributions, vous apprenez tout GNU/Linux. C'est beaucoup de travail et de temps.

ArchLinux

Pour voir, j'ai essayé ArchLinux. Il y a plein de documentation ce qui est rassurant. Mais ce n'est jamais assez pour les débutants et pas tout à fait à jour.

Il faut commencer par choisir les outils de base. Même si vous choisissez les groupes «Base» et «Base-dev», il reste encore une tripotée de logiciels ou de librairies dont vous n'avez peut-être qu'une vague idée. Le site d'ArchLinux comporte une section où vous pouvez rechercher un paquet et lire la description et voir les dépendances. Rien que cette première partie de l'installation d'ArchLinux peut vous occuper un bon moment.

Ensuite, j'ai trouvé absolument barbant d'avoir à remplir la première partie du fichier /etc/rc.d. C'est là que nous pouvons remercier les épuipes de Debian, Trisquel, Puppy, etc. de remplir pour nous (enfin, de faire un script qui fait le boulot) des choses aussi stupides que la date et l'heure, la langue, le clavier.

Dans la lancée, vous révisez, si besoin, les commandes de bases de Nano, l'éditeur de texte qui marche bien dans ArchLinux et qui est installé automatiquement. Vi en revanche ne semble pas répondre aux commandes. Peut-être faut-il utiliser le CD complet plutôt que le CD-netinstall.

Quand viennent des choses assez redoutables pour les débutants en ArchLinux, comme les modules à charger, et que la documentation ne vous apporte pas de réponse car il y a tant de modules dont il n'y a pas de liste dans la documentation, là vous commencerez peut-être à faiblir.

Là où j'ai lâché prise, c'est quand j'ai vu qu'ArchLinux ne voulait pas enregistrer mes premiers fichiers de configuration sous /mnt. Il existe les mêmes fichiers à la racine mais ce ne sont pas ceux-là qu'il faut modifier, me dit-on sur le forum.

Pas la peine de rajouter à l'infâmie en précisant que je ne suis pas même arrivée à mettre un mot de passe à root et que l'installation de GRUB a été tout simplement impossible.

Cependant, en moins d'une heure, vous pouvez avoir un ArchLinux installé chez vous sans vous casser la tête, en repassant par la première catégorie, les distributions prêtes à l'emploi Icon wink

CTKArch

En effet, un bon moyen d'apprivoiser ArchLinux, c'est d'installer CTKArch et de l'étudier tranquillement. En fait, il ne s'agit pas d'une distribution mais d'un exemple de construction d'ArchLinux avec Openbox comme gestionnaire de fenêtre. En l'état, on peut tout de même dire que CTKArch fait partie des distributions prêtes à l'emploi.

Il y a toujours une solution GNU/Linux

La morale de cette histoire, c'est qu'il y a toujours au moins une solution GNU/Linux.

La solution pour ArchLinux, ce peut être CTKArch ou encore Archbang. Ce peut être aussi Debian en minimal, à compléter vous-mêmes minutieusement quant à faire. Et si ça ne vous va pas encore, Linux Mint Debian devrait vous ravir car tout y est prêt.

Quelle que soit la solution GNU/Linux, il y a toujours quelque chose à apprendre et il n'y a rien de ridicule à utiliser Ubuntu parce que c'est plus facile.

Il est en revanche grotesque de continuer avec M$, d'être chez Facebook ou chez Google ou d'utiliser Chromium ou Chrome ou encore d'être chez Apple que ce soit pour un ordinateur ou pour un iTruc. Il y a plein de geeks en complète contradiction avec leurs capacités techniques et l'esprit du Libre qui sont chez Apple. À ce propos, voici un article de Clochix où vous trouverez quelques vérités bien lancées à ces Faux amis.