Bodhi Linux, ça illumine

Pour accompagner le soleil hivernal, rien de mieux que Bodhi Linux.

En piquant dans Wikipédia, on peut dire que «bodhi» est un mot sanskrit qui veut dire «illumination» (au sens de «révélation», aussi, voir Wikipedia en anglais) et donc «délivrance». Vous vous souvenez dans Le Lotus Bleu, ce malheureux fou qui, armé de son sabre de samouraï, poursuit Tintin, lui promettant l'illumination et la délivrance (de cette vie terre-à-terre)? C'est de la provocation mais en y réfléchissant, il y a tout dans Les Aventures de Tintin, pour peu qu'on ne s'en tienne pas aux clichés apparents.

Bodhi Linux est une distribution GNU/Linux basée sur Ubuntu, qui nous vient des USA en offrant le bel environnement de bureau Enlightenment.

La traduction de «bodhi» en anglais, c'est «enlightenment», on retombe sur nos pieds. Mais pour aller un peu plus loin, on pourrait dire que Bodhi Linux vous délivre de l'ennui et de l'emprisonnement qui caractérisent les systèmes privateurs comme Windoze ou Mac.

Dans Enlightenment, il y a aussi «light» (lumière/léger), qui peut faire jeu de mot. Tandis qu'Ubuntu poursuit sa route vers un environnement lourdingue, pas du tout adapté aux ordinateurs modestes, Bodhi Linux offre une distribution légère tout en étant illuminée de modules enchanteurs.

Bodhi Linux: Légèreté, choix et graphisme

Bref, Bodhi Linux peut être une alternative à Lubuntu pour ceux qui trouvent que LXDE est un peu terne. Bodhi Linux vous donne envie de retrouver les joies du graphisme, au-delà d'un simple fond d'écran.

Néanmoins, si vous débutez, il vous faudra bien apprendre à installer les logiciels dont vous avez besoin parce que Bodhi Linux a fait le choix de la plus grande légèreté possible en la matière.

Bodhi Linux contient bien sûr des tas de programmes que vous ne voyez pas ou guère mais dans le «Menu général» > «Applications», vous ne trouverez que l'essentiel: un éditeur de texte (Leafpad), un navigateur léger (Midori, bon choix), un terminal pour taper des commandes (LXterminal) et le navigateur de fichiers d'Enlightenment.

Basé sur Ubuntu LTS mais à jour

L'avantage de Bodhi Linux est qu'elle n'a pas besoin d'être mise à niveau ou réinstallée tous les 6 mois comme les Ubuntus ordinaires. Chaque nouvelle version est basée sur l'Ubuntu LTS (de longue durée) mais au contraire de celle-ci dont les logiciels vieillissent rapidement (versions désuètes), Bodhi Linux veille à vous donner les dernières versions stables.

Ainsi, Bodhi Linux 2.2 est basée sur Ubuntu Precise Pangolin (12.04) mais c'est comme si vous aviez la version Quantal Quetzal (12.10) et même déjà la suivante, Raring Ringtail (13.04) (eh, oui l'actuel noyau est déjà celui de Raring). C'est une bonne idée. Cela fait de Bodhi Linux une distro «semi-rolling».

Enlightenment, bureau enchanteur

Bodhi Linux vous laisse passer des heures, si vous en avez envie mais Enlightenment donne beaucoup d'envies et d'idées lumineuses, à activer et à configurer des modules amusants (comme une horloge sur le bureau ou un «pager» qui vous permet d'ajouter et d'organiser des bureaux virtuels), à arranger les thèmes, à remplir votre Enchantement (Enchant=dock animé).

Dés l'abord, que ce soit après avoir lancé le CD-Live ou installé Bodhi Linux, on vous donne le choix d'une présentation du bureau selon vos goûts ou votre machine. J'ai choisi «Fancy» parce qu'il y a une barre en bas (sorte de «dock») avec des icônes qui s'animent quand on passe la souris dessus. C'est très amusant et très pratique aussi. Il est aussi possible de choisir un bureau tout nu («Bare») et de le composer ensuite, module par module.

Puis vous vous devez choisir un thème graphique qui régit le fond d'écran, le thème des fenêtres, principalement. Ensuite, vous pouvez changer pas mal de choses.

Le tout s'appelle un «Profil». Ce serait bien qu'une distribution aussi appréciée et devenue aussi laide que Linux Mint offre un choix de graphismes dès l'abord Icon wink

Il est possible de combiner un élément d'un thème avec celui d'un autre thème. Par exemple, le fond d'écran d'un autre thème ou l'apparence de l'horloge d'un autre thème. Vous pouvez enregistrer votre profil ainsi modifié.

Pour aller plus loin dans les thèmes, il ne reste plus qu'à fouiner dans les fichiers qui les constituent et Bodhi Linux explique tout ça sur son Wiki.

La documentation est très bien faite. Elle est sur votre disque dur et en lançant Midori, elle apparaît. Prenez le temps de la lire (euh, je n'ai pas vérifié s'il existe des traductions). Il est possible (et recommandé) d'installer des logiciels directement depuis le site web de Bodhi Linux. Tout est bien expliqué. Les dépôts d'Ubuntu sont bien entendu intégrés à Bodhi Linux.

Après deux ou trois jours à m'amuser avec le graphisme, il me reste des questions et des remarques.

LXappearance pour choisir son thème

La documentation de Bodhi Linux dit qu'on peut aussi installer LXappearance, ce qui permet de changer de thèmes pour les fenêtres mais surtout de modifier les couleurs de certains thèmes. Mes modifications n'ont eu aucun effet même en relançant Enlightenment («Menu général» > «Enlightenment» > «Restart»). LXappearance est pré-installé sur Lubuntu.

Enlightenment permet bien sûr de changer de thème pour les applications mais je voudrais changer certaines couleurs car elles rendent les choses illisibles ou pénibles pour les yeux. Il va falloir sans doute aller fouiner dans les fichiers qui constituent les thèmes. Du temps de IceWm de 2004, c'était facile et très amusant, même pour quelqu'un qui débutait dans GNU/Linux.

Pourquoi Clementine sème le bazar?

Avec Clementine (cherchez sur la doc. d'Ubuntu-fr) et même une fois avec Audacious (pré-installé dans Lubuntu), à la suite d'un mauvais clic au mauvais endroit, plus de bureau mais écran noir avec plein de lignes en blanc et pas moyen de passer à un autre tty. Donc, un coup de magie avec les touches Ctrl-Alt-S puis B et le système redémarre. J'ai certainement déjà fait des bêtises avec Audacious mais rien n'est arrivé sur Lubuntu. Est-ce un défaut de stabilité de Bodhi Linux? Est-ce que cela viendrait du fait que j'ai installé une version en 32 bit sur une machine qui est en 64 bit? J'en doute car c'est tout récemment que j'ai installé Lubuntu en 64 bit et je n'ai jamais vu un tel plantage.

Avant d'aller pleurnicher sur le forum, je vais faire un essai avec les mêmes fichiers et Clementine sur Lubuntu Quantal.

Quelques légères instabilités

J'ai installé PCManFm car il me semble que le gestionnaire de fichiers d'Enlightenment n'affiche pas la taille des fichiers et en revanche, il me pompe avec ses pop-ups (ça doit bien se désactiver). La documentation explique bien comment s'y prendre. Une fois, PCManFm a déclaré forfait, ce qui est un peu étonnant.

Enlightenment réagit mal parfois quand on est en train de configurer un module (souvent l'apparence). Pof, un message vous dit qu'il y a eu un bug et on doit relancer Enlightenment.

Critiques sur le plan éthique

Comme d'autres, je trouve dommage que les paquets du dépôt mis à disposition par Bodhi Linux n'aient pas de signature. Ce serait plus sûr. C'est pour cela que Bodhi Linux vous conseille la commande apt-get install -y [nom_du_paquet]. Cela vous évite d'avoir à dire Yes quand APT vous demande si vous voulez vraiment installer des paquets non authentifiés. J'utilise aptitude en laissant ce programme me poser des questions.

Comme toujours, je trouve dommage que Bodhi Linux propose (même sans l'imposer) un logiciel comme Pinta qui est du Mono. Mono est typique d'Ubuntu (et de Gnome), c'est leur dada depuis Ubuntu Lucid Lynx. Depuis, ils ont tout de même supprimé l'horrible F-Spot. Pour en savoir plus, voyez Mono beurk.

Comme toujours, je trouve dommage que Bodhi Linux nous impose un forum fait avec un logiciel privateur, alors qu'il existe une jolie collection de forums sous licence libre. Voyez par exemple le forum d'Ubuntu-fr.org. Et à ceux qui diront que les FluxBB et autres BB manquent de «features», quel besoin avons-nous qu'un forum soit relié aux crétineries que sont Facebook, Twitter, Google+ et consorts. Les gens sont assez grands pour se faire les liens qu'ils veulent, pas besoin de leur en attacher autour du cou et en plus de tirer dessus Icon wink

Si une équipe GNU/Linux cherche un hébergeur, il y a l'excellentissime TuxFamily.

Comme quoi, même l'équipe de Bodhi Linux a besoin d'encore un peu d'illumination et donc de se délivrer des derniers liens pour être tout à fait libres à la façon GNU.

Mais ce que nous pouvons lire dans un interview de Jeff Hoogland, qui a lancé Bodhi Linux, est encourageant (et en contradiction complète avec le choix d'un forum privateur). Il explique ce qui lui plaît le plus dans GNU/Linux:

Flexibility and transparency. I can do what I want with my Linux system and I know how it does it. The system does not try to hide anything from me. I am in full control.

Si vous avez besoin d'une traduction, laissez un mot.
En attendant, je m'en vais modifier des images fournies par Bodhi Linux ou ses illuminés pour en faire un fond à un de mes bureaux virtuels.