Mozilla, GNU/Linux, le Libre (et les femmes ?)
En France, il n'est pas interdit de se moquer des religions. Que le Pape, les Imams ou les rabbins ne soient pas d'accord, cela n'a pas d'incidence.
La très sérieuse revue Étvdes, dirigée par des Jésuites, a publié en ligne son soutien à Charlie Hebdo (« Je suis Charlie », pas moins) et a eu l'intelligence de rappeler que l'humour est une distance nécessaire dans la religion.
Ils ont malheureusement retiré l'accès à la page pour éviter de vaines polémiques, malgré beaucoup de commentaires élogieux mais ils ont écrit ceci:
Pour manifester notre soutien à nos confrères assassinés, nous avons choisi de reproduire quelques « unes » de la revue se rapportant au catholicisme. C’était un moyen d’affirmer que la foi chrétienne est plus forte que les caricatures que l’on peut en faire, même si des chrétiens en ont été offensés.
Sans doute, cela aurait nécessité de plus amples explications. Dire que nous sommes « Charlie », dont pas plus qu’hier nous ne partageons la ligne éditoriale ni forcément l’humour, c’est dire que la liberté d’expression est « un élément fondamental de notre société » (Déclaration de la Conférence des évêques de France du 7 janvier). Le retentissement de ces événements a jeté le trouble sur ce qui nous semblait aller de soi. Et cela nous attriste.
Ça, à coup sûr, c'est un coup trouble du Vatican qui a fait passer le message à ces Jésuites éclairés (humour). Dans l'avion qui l'emmènenait aux Philippines, le Pape a déclaré : « On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision ».
Mais si, on le peut, dans un journal ou dans l'art. Il faudrait que les croyants qui se sentent insultés par Charlie Hedbo sortent de l'adolescence boudeuse qui ne supporte pas les critiques ou les moqueries.
On ne peut comparer, comme le fait le Pape, une caricature faite dans un journal et une insulte lancée par quelqu'un à son voisin.
Heureusement, Le Canard Enchaîné du 14/01/2014 a conservé une phrase des Jésuites de la revue Étvdes :
L'humour dans la foi est un bon antidote au fanatisme
Heureusement, j'avais téléchargé l'image des 4 couvertures que ces Jésuites avaient choisies. La voici dans son intégralité (c'est un bloc) et au format qui figurait sur le site :
La page d'Étvdes supprimée voulait dire que si quelqu'un est croyant, il peut supporter les critiques et les caricatures de ses dogmes, croyances, autorités religieuses, de ses prophètes et que ces dessins ne font pas de lui un martyre.
Il y a une différence fondamentale entre des dessins antisémites ou racistes et les caricatures ci-dessus.
Le choix de ces couvertures ne pouvait pas vraiment choquer des Chrétiens ou d'autres gens car elles ne sont pas cochonnes. La plus dure est celle de Jésus car elle est une critique légitime du Vatican. Il n'y a pas que le Pape François qui peut se permettre de semoncer le Vatican
Je trouve les deux couvertures du haut vraiment réussies.
Un billet de blog (François Euvé) complète l'éditorial d'Étvdes. En voici un extrait qui me semble intéressant :
Face aux systèmes, aux institutions, l’humour est indispensable, car ils sont toujours en danger de pétrification, de dogmatisation, de fermeture sur soi. S’il s’agit d’institutions religieuses, l’effet est aggravé par la sacralisation de leurs instances. Comme la tradition juive le rappelle, l’humour a une vertu anti-idolâtrique. Toutes les idoles, à commencer par celles qui nous fabriquons dans nos propres institutions, doivent être renversées.
Pour les idoles, je vous renvoie à Dessine-moi un mouton.
Du côté des religieux musulmans, nous n'entendons que l'argument de l'offense aux croyants. La seule différence, c'est qu'une bonne partie d'entre eux condamne les assassinats et que d'autres les justifient. Les justifications vont de « Ils l'ont bien cherché » à « Mahomet doit être vengé ».
Heureusement, des musulmans français ont écrit des articles passionnants, qui nous sortent des ratiocinations stupides. Des journalistes arabes ont eu le courage de renverser le conformisme.
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