Mozilla, GNU/Linux, le Libre (et les femmes ?)
Le 27 janvier est, dans plusieurs pays du monde, le jour de la Commémoration de la Shoah. Le terme « holocauste » me paraît inconcevable.
Le 27 janvier 1945, l'armée soviétique a libéré Auschwitz.
Cette image montre la rampe d'Auschwitz avec deux trains interminables à quai. Elle est extraite du film Night Will Fall, et fait probablement partie d'une archive nazie: Représentation de la Shoah.
Ce 27 janvier 2015, c'est peut-être l'occasion de voir Night Will Fall, documentaire d'André Singer, qui retrace l'histoire et la diffusion partielle et circonscrite du film inachevé et remisé aux archives, German Concentration Camps Factual Survey.
Ce rapport circonstancié sur les camps de concentration allemands, fut commandité par le Ministère britannique de l'Information pour montrer aux Anglais et aux Allemands la réalité du régime nazi. Ce film, dirigé par Sydney Bernstein et supervisé par son ami Hitchcock, est un montage des films faits par les caméramen des armées anglaise, soviétique et américaine.
Les caméramen ont filmé de façon à constituer une masse de preuves irréfutables des crimes nazis, c'est pourquoi les plans sont longs et variés, plans d'ensemble, gros plans immobiles, séquences longues, balayages lents.
Le film inachevé a été remisé au placard en 1946, probablement parce que le gouvernement anglais avait intérêt à faire de l'Allemagne un allié face à l'URSS (c'est déjà le début de la Guerre froide) et n'avait pas intérêt à montrer la destruction des Juifs dans les camps nazis alors qu'il était opposé à l'immigration des Juifs en Palestine.
Night Will Fall n'est pas simplement l'histoire d'un film, c'est une adaptation qui présente de larges extraits du documentaire originel et le complète avec des témoignages variés (survivants, anciens officiers, Sidney Bernstein, etc.).
Il se termine par le commentaire d'origine :
Unless the world learns the lessons these pictures teach, night will fall. But, by God’s grace, we who live will learn. [À moins que le monde apprenne la leçon que nous enseignent ces images, la nuit nous engloutira. Mais par la grâce de Dieu, nous les vivants, nous apprendrons.]
La nuit nous engloutira, nous pouvons toujours le redouter car les êtres humains n'ont pas appris grand-chose depuis 1945. En ce moment, nous pouvons être plutôt pessimistes : Le petit livre vert.
Je n'ai pas utilisé le verbe «regarder». Je ne sais pas s'il est possible de regarder ce film. Je l'ai plus écouté que regardé.
Les armées alliées n'ont pas libéré les camps volontairement. Les soldats sont tombés dessus par hasard.
Dans les environs du camp de Bergen-Belsen, ce printemps 1945, la campagne est riante et printanière, les habitants allemands bienheureux.
La libération de Bergen-Belsen, c'est surtout transporter les cadavres qui sont en tas ou qui jonchent la terre, partout dans le camp (environ 13000 cadavres), c'est les jeter dans une fosse commune gigantesque et profonde puis creuser de nouvelles fosses, les remplir de cadavres puis les recouvrir de terre et les écraser avec un bulldozer.
Les morts n'ont reçu aucun égard à la libération des camps. Tirés, traînés, entassés dans des camions, puis jetés comme des déchets et du gravat dans les fosses. Les Nazis ont encore un peu gagné, même si SS et gardes hongrois étaient de corvée.
Près de 14000 prisonniers libérés sont morts, encore, entre le jour de la libération du camp de Belsen-Bergen, le 15 avril 1945 et fin juin 1945. Des gardes (SS et Hongrois) ont encore assassiné des survivants qui cherchaient de quoi manger.
Après la libération du camp, Belsen a désigné le camp de réfugiés qui est resté ouvert jusqu'en 1950 pour accueillir les survivants qui n'avaient plus de lieu où retourner, plus de famille.
On dit souvent que les prisonniers des camps nazis ont été déshumanisés. Une image nous dit que l'être humain est plus fort. Celle de cet homme qui ressemble à un squelette mais sa tête n'est pas un crâne, il est vivant, ses yeux, ses joues, ses cheveux ras, ses oreilles, tout son visage est vivant: il sourit à la caméra. Les Nazis ont perdu.
Malheureusement, je n'ai pas pensé à saisir cette image.
Dans ce film, ce sont plutôt les bourreaux qui sont privés de leur humanité, allant et venant impertubablement, le visage fermé et indifférent, transportant les cadavres comme des gravats.
Derniers commentaires