Et ils jetèrent son corps dans le puits

Il y a plusieurs mois, les cinglés enturbanés avait tué plusieurs femmes irakiennes parce qu'elles étaient soit médecins, soit professeurs, soit juristes.

Après avoir tué l'une d'elles, ils avaient jeté son corps dans un puits.

Jeter un cadavre dans un puits, c'est non seulement inhumain, c'est aussi empoisonner l'eau du puits et la rendre mortelle pour les gens alentour. C'est condamner les gens à ne plus pouvoir boire l'eau du puits.

C'est condamner une femme instruite, qui joue un rôle fondamental dans une société, à empoisonner les autres. C'est vouloir dire que c'est une empoisonneuse, qu'elle est toxique pour la société, qu'elle est même une meurtrière.

Au Moyen-Âge en Europe, on accusait les Juifs d'empoisonner les puits et on les accusaient aussi de meurtres rituels. Peut-être les soupçonnait-on de jeter les cadavres dans les puits. Lors des pogromes, on jetait peut-être les corps des Juifs dans les puits pour pouvoir les accuser de meurtres et d'empoisonnement.

Dans la Torah et dans l'Évangile de Jean, il est question de femmes et de puits. Mais il s'agit d'une rencontre au puits. Rachel y rencontre Jacob et une Samaritaine y rencontre Jésus. Ces rencontres sont des moments lumineux et l'eau y est bonne à boire pour les brebis comme pour les êtres humains.
Même Joseph n'a pas été jeté dans un puits par ses frères jaloux ; c'est dans une citerne vide qu'ils allaient le jeter car un des ses frères, Reuben, avait l'intention de le délivrer. En définitive, une caravane passant par là, Joseph a été vendu comme esclave. On connaît la suite de l'histoire.

Dans le cas de cette malheureuse femme irakienne du XXIe siècle, elle a été non seulement assassinée par ces fanatiques ignares mais son corps a été dégradé en poison pour les vivants.

Et si le puits était à sec ? La symbolique reste la même.