Mozilla, GNU/Linux, le Libre (et les femmes ?)
Dans l’épisode 19 de Pepper&Carrot, David Revoy a choisi comme sujet la pollution, qu’il a traité de manière originale, ainsi qu’il explique sur son site. Pepper fait enfin la leçon à ses sorcières de marraines après avoir subi toutes sortes de leçons inapropriées.
Je pense néanmoins qu’il est difficile d’associer sorcières et pollution, d’autant que cette petite histoire montre que les vieilles sorcières font de la pollution par tradition.
Que les sorcières actuelles contribuent à la pollution, c’est bien possible, mais traditionnellement, les sorcières ne concoctent pas de potions polluantes.
De nos jours bien sûr, même en allant dans la forêt chercher des plantes, les sorcières n’échappent pas aux pluies acides ou aux restes de Tchernobyl ou Fukushima infiltrés dans les champignons. Elles n’ont sans doute aucun pouvoir de dépollution et leurs potions risquent d’être plus ou moins polluées comme tout ce que nous mangeons.
Quant à enterrer des objets pour s’en débarrasser, c’est évidemment à la portée de tout le monde mais je ne sais pas si c’est une tradition. Ça me paraît être une tendance plutôt moderne. Dans les campagnes, on jetait les détritus dans un coin et ça faisait un tas qui grandissait mais se tassait aussi (le tas de fumier, avant l’épandage). Bref, traditionnellement on entassait plutôt qu’on enfouissait (voyez la série Shaun the Sheep). Ou on faisait des décharges à ciel ouvert, avant l’apparition des déchetteries.
Quant au recyclage final auquel Pepper convertit ses marraines, il est assez ordinaire de nos jours sauf que le broyage de la guitarre n’est pas très recommandable. Si le vernis est resté sur le bois après tant d’années comme est restée la mélodie, broyer du bois verni n’est pas mieux que l’enterrer.
Ce qui ne paraît pas très cohérent dans cette histoire, c’est que la pollution causée par l’enfouissement des déchets a des effets de sorcellerie amusante sur les légumes. Les tomates ressemblent à des citrouilles d’Halloween, et les aubergines en sont des variantes plus enfantines. Si c’est ça les monstres et difformités engendrés par la pollution, c’est une rigolade ou c’est qu’une sorcière s’est bien amusée.
Ou alors, nos Jack-O-lanterns sont-ils en fait des monstres dus à la pollution ?
Et les fourmis ? On a vu dans l’épisode 4 l’effet surprenant que la potion de Pepper a eu sur ces insectes, comme Karoĉjo un peu avant. Tout d’un coup, elles deviennent de géniaux inventeurs et ingénieurs. Dans l’épisode 19, les voilà qui ont construit une fusée qu’elles viennent de mettre à mettre à feu.
La pollution bouleverse la nature et les organismes mais je ne sais pas si cette image des fourmis modifiées par les effets de la pollution est cohérente. En effet, le lecteur attentif associe la pollution à une potion magique apparue dans un épisode antérieur. Et si la potion de Pipro a modifié les fourmis, elle est responsable de la pollution comme ses aînées.
Tant que la pollution ne leur donne pas les moyens de fabriquer des bombes et des armes nucléaires et tuer autant d’êtres humains qu’il leur semble bon, c’est plutôt rigolo.
J’imagine que voir des fourmis s’activer autour d’une fusée comme des êtres humains n’est pas plus effrayant qu’Objectif Lune et plutôt amusant. Cette image m’a en tous cas bien amusée et je ne vois pas bien pourquoi la pollution est un problème si ça fait des choses marrantes comme les tomates et les aubergines qui se fendent la poire.
Enfin, l’épisode du « Grand nettoyage d’Automne » (Épisode 12) s’amusait des cageots de fioles de verre cassées dont l’épandage ou l’enfouissement est pourtant vraiment dangereux. Un épisode sur la pollution tombe à présent comme un cheveu sur la soupe dans cette série.
Néanmoins, on peut se dire que Pepper a grandi en sagesse depuis cet épisode et qu’elle s’affirme face à ses aînées. Il manque alors un tout petit rappel à l’ancien épisode pour que cette évolution du personnage s’installe dans l’esprit du lecteur.
Pepper&Carrot est bien sûr une œuvre d’imagination qui appartient peut-être aussi au genre « Fantasy ». Cependant, toute histoire, à part celles des surréalistes et de l’Oulipo (Raymond Queneau), a besoin d’une cohérence. Raconter une histoire semble être la partie un peu négligée des bandes dessinées. Hergé, en revanche, a vraiment réussi à créer un monde en histoires et en dessins.
Il me semble que les dialogues de l’épisode 19 peuvent être modifiés d’une manière qui serait plus cohérente avec ce que David a apporté à ses lecteurs et admirateurs.
Par son travail incessant, ses beaux dessins et son utilisation des logiciels libres dédaignés par les professionnels et les autres, David a convaincu ses admirateurs de se mettre à Krita, GIMP, Inskape etc. Espérons que les gens aient aussi envie de passer à GNU/Linux, dont David utilise différentes distributions (Linux Mint, Ubuntu, Arch Linux, etc. — regardez la dernière page des premiers épisodes ou le bas de la dernière planche des autres épisodes). David a aussi choisi une licence libre pour diffuser ses dessins, ce qui, entre autres, permet à ses lecteurs de dessiner du « FanArt » et toutes sortes d’imitations et de modifications.
Il me semble donc que David a acquis, grâce à son travail, beaucoup d’influence sur beaucoup de gens autour de Pepper&Carrot. C’est pourquoi, j’ai « ma petite idée » (Ép.18) d’un scénario qui continuerait d’ouvrir ses lecteurs sur des questions de liberté en lien avec la liberté apportée par les logiciels libres. La leçon de choses sur la pollution me paraît ne s’adresser qu’à des enfants et n’avoir aucun lien réel avec le travail et le dessin de David.
Je vais donc essayer de modifier les dialogues. Vous pouvez essayer aussi, bien sûr, et si vous savez dessiner, vous pouvez faire ce que bon vous semble.
À nos Inkscape, Krita, GIMP etc. et même très modestement, Geany Je me mets à l’ouvrage à partir de dimanche, je pense …
Et voilà, ma variante est prête, sans toucher aux dessins : La Leçon de Pepper.
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