Mozilla, GNU/Linux, le Libre (et les femmes ?)
Dans la première partie de La licence de Pepper&Carrot − Petite révolution, il a été question du choix par David Revoy de la licence permissive CC-By pour publier sa BD, et de la publication de la BD par Glénat, dans des conditions peu traditionnelles.
Mais que faisons-nous de la licence CC-By, nous autres traducteurs ou petits auteurs de variantes de Pepper&Carrot ? Ce que bon nous semble, non ?
La licence de Pepper&Carrot est permissive, c’est-à-dire qu’elle permet une publication sous droit d’auteur traditionnel ou sous n’importe quelle licence libre.
Ce qui est donc curieux, c’est de trouver dans le README des dossiers destinés aux traducteurs de la BD de David Revoy, l’injonction suivante :
- License agreement: Authors of all translations or contributions to this project accept to release this translation work under the license: [Creative Commons Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)](https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/).
Ce qui veut dire que les auteurs de toutes les traductions ou contribution à ce projet (de traduction) acceptent de publier leurs textes sous la licence CC-By 4.0 international.
Non, la licence de Pepper&Carrot ne peut pas nous imposer, traducteurs ou autres, la licence CC-By 4.0, ni aucune licence.
Pour le contenu de mon site web, j’ai choisi la licence Creative Commons Attribution − Partage aux mêmes conditions (CC-By-SA). Cette licence ne concerne pas les images originales de David Revoy ou d’autres auteurs. En revanche, elle peut tout à fait être appliquée à mes variantes, fantaisies et divagations autour de Pepper&Carrot, y compris mes traductions en Esperanto qui divergent parfois de la traduction officielle.
Je ne contribue pas directement à la traduction en Esperanto pour protester, à ma façon, contre l’usage de Github et parce que je pense qu’une version en Esperanto de Pipro kaj Karoĉjo peut être plus inventive qu’une simple traduction. Je pense que cela est bénéfique à cette BD et aux débutants en Esperanto. Voyez par exemple ce court billet, en français malgré les apparences, R14-a titolo — Here be Dragons / Ĉi tie Drakoj.
Contre Github, voyez en particulier Auteurs et contributeurs de projets Libres, quittez Github.
Ce différend nous montre la différence entre une licence libre permissive comme celle de Pepper&Carrot et une licence libre plus proche de la licence GNU GPL, telle que la licence CC-By-SA (Attribution, Partage dans les mêmes conditions). La liberté que vous donne la licence CC-By-SA est garantie pour tous les autres et dans le temps.
La licence GNU GPL garantit que le logiciel reste libre dans le temps et malgré les modifications apportées. Voyez Les 4 Libertés du Logiciel libre. Comme la GNU GPL, la licence CC-By-SA permet de vendre l’œuvre ou d’en tirer un profit financier.
Prenons un exemple purement théorique. Si Glénat voulait publier les épisodes selon ma traduction en Esperanto et mes variantes, il n’aurait pas le droit de modifier la licence, sans mon autorisation, et son album devrait porter la même licence CC-By-SA, car je maintiendrais cette licence. L’attribution de l’album publié serait faite à Glénat, celle de la version d’origine reviendrait à David Revoy et les modifications seraient attribuées à libre fan (c’est moi ).
Une telle licence, garantissant la liberté, jusque dans la publication d’un album sur papier, veut dire que tout le monde pourrait librement faire une photocopie d’une page de l’album et mieux encore, scanner l’album et le mettre en torrent à disposition de tous sur n’importe quel site web. Et encore plus simple, en faire un ebook et le mettre à disposition de tous, même s’il n’est nul besoin d’un ebook car vous pouvez lire plusieurs images à la manière d’une BD, en continu, avec le logiciel libre MComix.
On comprend bien pourquoi David Revoy demande aux traducteurs bénévoles de Pepper&Carrot de partager leur travail sous la même licence que la sienne. En cas de publication, aucun différend ne surgira.
Mais cette exigence n’a rien de légal. En ce sens, le choix de la CC-By n’est pas un choix judicieux du tout, contrairement à ce qui apparaît dans la première partie de mes réflexions : La licence libre de « Pepper&Carrot » − Partie 1 : Petite révolution. Il est normal que les choses changent d’aspect selon le point de vue.
Tout traducteur peut refuser la licence CC-By et peut aussi refuser de voir sa traduction utilisée dans une œuvre publiée sous copyright traditionnel. Pour ma part, hypothèse purement théorique évidemment, je refuserais que le Pipro kaj Karoĉjo présent sur mon site web soit enfermé dans un tel droit d’auteur. Mais je pense que Kajeno viendrait à notre rescousse pour réparer un tel désastre (voyez l’épisode 12 — en Esperanto : [Bildstrio] R-o 12-a : “La Aŭtuna Ordigado”).
Le plus simple est sans doute de demander à David Revoy de supprimer mon nom des traductions présentes sur le site web de peppercarrot.com et dans les fichiers que garde le maudit Github, et de continuer mon travail de traduction ou de variantes sur mon Libre-Fan, comme bon me semble.
Ce qui ne m’empêche pas de redire en conclusion que la licence CC-By ne contient rien de légal pour exiger que les auteurs de traductions et de variantes se plient à la licence permissive choisie par l’auteur de Pepper&Carrot.
En revanche, la licence CC-By-SA exige que la même licence soit utilisée pour les traductions, variantes et produits dérivés.
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